Éloges Funèbres pour Alex.
Lorsque j’appris la nouvelle du décès d’Alex se fut le choc, mais je dois admettre qu’il y avait et c’est le cas de le dire, un océan entre ce que subissait Brigitte et ce que nous vivions nous à l’abri des montagnes, en relâche scolaire.
Je regardais mes enfants au souper et un passage du livre de ma sœur m’est revenu. Ça va comme suit.
LECTURE : Alexandre et Émilie eux ne faisaient preuve d’aucune émotion. Ils avaient enfilé ce scaphandre protecteur épais si typique de la jeunesse, construit pour préserver, mais empêchant aussi d’analyser le moment avec assez de recul pour éviter qu’ils laissent des marques.
Je compris alors le sens du mot deuil. Nous nous devions (NOUS) famille et amis, de prendre du recul, d’enlever ce scaphandre et d’exprimer nos émotions…de vivre ce deuil. Et vivre ce deuil voulait dire se réunir aujourd’hui pour partager. Partager nos souvenirs, mais aussi mesurer ce que signifie sa perte pour nous tous.
Ce n’est pas un hasard si j’utilise le mot mesuré. Alex adorait mesurer. Il n’était pas question pour lui de se rendre au Québec sans son fameux thermomètre. Je le soupçonnais d’ailleurs de faire un tableau de statistiques des températures record à son retour en Suisse. Il y avait aussi son fameux palmarès de celui qui écrit le mieux le français. On y a tous gouté. Il avait cette curiosité des langues parlées et écrites.
On dit en Afrique qu’un vieillard qui meurt est comme une bibliothèque qui s’enflamme. Tu n’étais pas vieillard loin de là, mais ta bibliothèque, partie en fumée, contenait une quantité infinie de savoirs qui elle, ne peut se mesurer.
Difficile aussi de mesurer ce que ta perte représente pour nous ici en Amérique. Est-ce un futur compagnon de voyage, un autre match du Canadien ensemble ou simplement Mathilde qui a besoin d’aide pour un devoir en chimie. D’une certaine façon, nous te connaissions peu et c’est ce qui m’attriste encore plus, parce que nous avions encore tant à apprendre de toi.
Je relisais ton avis de décès et il était écrit que ton départ allait créer un vide immense. J’ai une bonne nouvelle pour toi Alex et sache que l’explication est scientifique ; le vide absolu n’existe pas. Il restera toujours quelque chose de toi sur cette planète. Et nous tous ici réunis, nous nous engageons à perpétuer ta mémoire. Parce que, même au plus petit recoin de l’univers, le vide absolu, ça n’existe pas.