Julien, Juju, « AdminCo », « Boss », nous avons perdu un collègue mais surtout un ami.
Tu es arrivé à Ouagadougou en janvier 2014, première expérience au Sahel et avec MdM, mais tu avais déjà roulé ta bosse dans l’humanitaire. Quand tu as pris tes fonctions, il y avait du pain sur la planche, mais cela ne t’a fait peur. Oh non, car tu étais un bosseur, un persévérant, tu ne comptais pas tes heures.
Bien sûr, tu as fait un boulot remarquable, mais ce qu’on retient le plus de toi, c’est d’abord ton sens de l’humour, et quel sens de l’humour ! Décomplexé et sans filtre ! Quand on entendait tes pas s’approcher de nos bureaux, surtout un vendredi après-midi, on savait déjà qu’on allait se marrer. Ces pas reconnaissables parmi mille, car Juju, tu avais une démarche bien à toi, à trainer tes savates dans les couloirs. Oui, car toi tu venais au travail en Tongue, car c’est comme cela que tu te sentais à l’aise, qu’importent les conventions ! Et quand tu passais ta petite tête par la porte, avec ton regard espiègle : « dis, j’ai une question à te poser », on savait que ça allait partir en déconnade, en fou rire, en « bon aller, c’est vendredi après-midi on a besoin de décompresser » ! Et alors on se marrait comme des gosses. Oh oui qu’est-ce qu’on aimait se marrer, tu avais toujours le mot pour faire rire !
Oui voilà, mais derrière cet humour sans limite, se cachait un cœur tendre, une âme sensible, un ami en or, avec qui c’était un plaisir d’avoir des discussions on ne peut plus sérieuses, quel que soit le sujet. Bon, c’est vrai, on doit se le dire, cela partait toujours en déconnade à un moment donné, et cela faisait du bien, surtout quand on avait le moral dans les chaussettes. Oui, car Juju, derrière tes apparences de grand déconneur, tu savais mieux que personne écouter et réconforter.
Tu as quitté le
Burkina Faso en janvier 2016, après deux ans de dur labeur, et en laissant dans nos cœurs une trace indélébile. A ton départ du Burkina, nous t’avions carrément baptisé avec un de ses noms atypiques et spéciaux émanant de l’histoire du Burkina.
Tu avais reçu des Burkinabé, le nom « OUEDRAOGO » ! Oui Ouédraogo pour marquer ta pleine intégration ! Ouédraogo qui signifie « Cheval blanc » symbole qui marque l’histoire, les racines même du Faso ! L’équipe de la ville de Djibo, cette partie du sahel où MdM intervenait ajoutait ceci au sens de ton nom :
« le Mossi[1]-blanc », l’homme intègre blanc.
Julien CABIAC OUEDRAOGO, beaucoup d’entre nous ont gardé contact avec toi, et ont eu la chance de continuer à nourrir cette belle amitié née au Burkina Faso. D’ailleurs, nous nous faisions une joie de te revoir au pays des hommes intègres, 5 ans après que tu l’ais quitté. Tu devais revenir au pays dans moins de deux semaines, en visite terrain, visite que tu avais dû décaler à plusieurs reprises, notamment en lien avec le contexte COVID. On avait mis ta Brakina (la bière nationale) au frais Juju, on se voyait déjà trinquer avec toi, mais, hélas, la vie en a décidé autrement.
Julien, Juju, « AdminCo », « boss », Ouédraogo, on se reverra de l’autre côté, que ton âme repose en paix, on t'aime fort !Témoignage des anciens collègues de Médecins du Monde France au Burkina Faso (2014-2016) Karina Pascal-Suisse ; Elise Petitpas ; W Cécile Thiombiano/Yougbaré ; Dr Billy Sivahera ; Isabelle Floriani ; Oumarou Bouba Bacharou ; Gon Woro ; Stéphane Zio ; Ousmane Ouédraogo, Eric Kossouho ; Béatrice Bama ; Karim Soulama ;Fidèle Kissimpan KY ; Dr Sinaré Coulibaly ; Valentin Badiel ; Dénise Ouédraogo ; Kader Sabo ; Fatamba Sissoko.
[1] Ethnie majoritaire au Burkina