Ce jour du 17 avril 2021 marque un automne dans notre vie à tous ceux présents ici à Tsélà (Bapa). Vous êtes sans ignorer qu’en automne, les arbres perdent leur feuille. Le départ de Roger, l’enfant de Djeukouo à Bapa, mon beau-frère, mon jeune frère, marque un vide sur une branche de mon arbre. Seulement en repensant au poète libanais, Khalil Gibran, qui disait :
« … . Quand tu es triste, regarde à nouveau dans ton cœur, et tu verras que tu pleures ce qui te rendait heureux. » Khalil Gibran (poète libanais)
Oui, Roger m’a, nous a, rendu heureux, heureux en rejoignant mon arbre, heureux en rejoignant notre famille, heureux en acceptant ma petite-sœur Eulalie pour l’accompagner, dans son quotidien, pour s’accompagner mutuellement dans leur quotidien, heureux en devenant mon petit frère à un âge adulte, heureux par le nombre de branches qu’il a rajoutées à mon arbre, oui, Nadia Ashley Djoum, Rita Gabrielle, Ingrid Bernadette, Nguifo Stéphane font ma joie, notre joie dans cette peine.
Cette joie qui s’est aussi exprimée, grâce à Roger, par ma découverte d’une région à nous chère, qui met en branle l’ensemble de notre pays, oui j’ai découvert le Nord-Ouest, une région accueillante et pleines de richesses. Vous comprendrez qu’il y a fait ses premières armes au service de son pays. Oui, car Roger a suivi cette pensée de Khalil Gibran qui disait que « Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit. » Malgré les possibilités à lui offertes, il a tenu à faire ses classes dans une contrée chaleureuse, une contrée où j’ai aimé cette période de balades à travers cette région du Nord-Ouest très attachante.
Attachant, Roger, tu l’étais, tu t’es enraciné, tu t’es attaché ensuite à cette région de l’Ouest par ta perspicacité au travail dont le mérite t’a été signifié, et tu en étais fier, nous en étions et en sommes encore très fier. Les nombreuses discussions que nous avions lors de nos rencontres faisaient ressortir une qualité rare, une qualité incompatible avec le contexte professionnel dans lequel tu évoluais, oui, ton intégrité au travail, dans la vie était TA FORCE, était un guide dans tes actions, constituait le socle de l’éducation, de l’enseignement, que tu prodiguais, non simplement à ta famille proche, mais aussi à tes collaborateurs. Oui Roger, tu fais partie du BURKINA FASO du Cameroun. Tu salueras Thomas, notre héros à tous, qui a osé inventer l’avenir. Toi tu rêvais de pouvoir reformer ton administration. Comme Nelson Mandela que tu salueras aussi, tu chérissais l'idéal d'une société démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités.
Cette idéal, cette qualité qui contredisait une anecdote ici à Bapa, qui dit que les enfants de Ndjeukouo sont très rusés, et même plus rusé que les enfants de Tsélà, les amenant même à vouloir rivaliser avec le chef traditionnel. Cette anecdote fait de toi une particularité de Ndjeukouo, car ton idéal portait sur le respect des traditions, sur le respect de ses semblables.
Cet idéal faisait écho à ta foi chrétienne, cette passion que tu avais. Oui que de fois, maintes fois, tu t’es levé à l’aube, à 5h du matin, les tiens avec, pour assouvir ta motivation intrinsèque, comme le qualifie les psychologues, je veux dire ta participation à cette messe matinale, que seule la maladie pouvait t’y faire renoncer. On y voyait ressortir cette joie matinale manifeste qui devait à fort propos illuminer ta journée professionnelle ou de repos en famille.
Famille, tu l’étais. Merci, merci à toi d’avoir tenu la main de ma jeune sœur, merci de l’avoir éclairée, merci d’avoir étendue ses, vos racines. Sœurette, les journées devront dorénavant se dessiner différemment, mais tes tiens, tes tiennes sont à tes cotés. William Shakespeare disait que : « L’esprit oublie toutes les souffrances quand le chagrin a des compagnons et que l’amitié le console. » William Shakespeare (poète anglais, 16ème siècle)
Sache que Tes familles sont là, tes amis sont là. Ensemble nous nous consolerons.
A Sylvie, A Florence, que de beaux moments passés ensemble, à Montréal, à Bruxelles, témoignant le liant entre les familles de Roger, un Homme de justice, un Homme de justesse qui avait choisi de suivre les préceptes de Martin Luther King, à savoir : « Un Homme meurt lorsqu’il refuse de défendre ce qui est juste. Un Homme meurt lorsqu’il refuse de se battre pour la justice. Un Homme meurt lorsqu’il refuse de prendre position pour ce qui est vrai ». Roger était vivant, Roger a toujours été vivant. Roger vient juste de changer son lieu d’expressivité.
Roger, il y a un mois, exactement le Lundi 15 mars 2021 au crépuscule, ton souffle a fait défaut, ton souffle s’est rompu, sur cette terre qui nous fait vivre actuellement un moment trouble. Ce souffle a cru nous séparer, mais comme le disait Birago Diop, que tu rejoins chez nos ancêtres, dans son célèbre poème Souffles, poème que tous les écoliers africains connaissent ou doivent connaître par cœur :
« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis.
Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
et dans l'ombre qui s'épaissit,
les morts ne sont pas sous la terre :
ils sont dans l'arbre qui frémit,
ils sont dans le bois qui gémit,
ils sont dans l'eau qui coule,
ils sont dans l'eau qui dort,
ils sont dans la case,
ils sont dans la foule,
les morts ne sont pas morts. » Birago Diop (poète malien)
Comment croire que tu sois parti, quand autour de moi, quand autour de nous, je vois, nous voyons, Ashley, Rita, Ingrid et Stéphane, à qui tu as tant apporté, à qui tu viens de transmettre ton bâton de pèlerin sur terre. Je sais, nous savons, qu’ils sauront être dignes de multiples valeurs que tu as sues, que tu as pues leur inculquer : re-citons ici ta foi chrétienne, ton intégrité au juste, ton investissement au travail, et plus encore ton amour de la famille, de ton pays, et de ta région.
Ashley, Rita, Ingrid et Stéphane sont les fleurs du printemps, qui sauront faire resplendir l’arbre, les arbres que tu as contribués à bâtir dans ce beau pays. Nous continuerons à les guider vers cet épanouissement, nous les aiderons à rester unis, cette unité qui est la clé de voûte d’une vie paisible, d’une vie en harmonie.
Cher Roger, Madame le Maire, comme tu aimais à l’appeler, celle qui embellit mon arbre, celle qui embellit l’arbre de la famille, se joint à moi, pour te dire Merci, Merci pour tout, Merci pour ces moments de communion, ces moments de vie. Vas-y, Frangin.
A toi qui me lis à haute voix, à toi qui as fait écho en distanciel de mes pensées enfouies, à tout ce public, à toutes ces personnes de l’arbre de Roger, présentes ici à Tsèla, je te dis « Ngue Ping », « Ga Ping » (merci) pour cette mission.
Je finirais avec ces mots de Ray Charles : « Pleurer a toujours été pour moi un moyen de sortir les choses profondément enfouies. Quand je chante, je pleure souvent. Pleurer, c’est ressentir, c’est être humain. » (Ray Charles). Alors Chantons, oui Chantons pour nous, Chantons pour Roger, Chantons pour Louis Serge Mathias, Chantons pour la joie, Chantons pour être heureux, Chantons Sa chanson, comme me l’a rappelé mon monseigneur Ingrid Bernadette Wouking :
« Au ciel au ciel au ciel j’irai là-bas un jour
Au ciel au ciel au ciel j’irai là-bas un jour »
A bientôt, mon cher délégué, mon cher Roger.